LECTURES DU MOIS DE JANVIER

Quand il fait froid, que les vacances sont passées et que les fausses résolutions s’installent, c’est le moment où les piles de bouquins se dressent sur ma table de nuit. Mais il y a toujours des petites surprises ! Des « accidents heureux » comme on dit (je ne parle pas d’une grossesse non-désirée mais bien de lectures inattendues).

Parfois, il suffit que votre maman vous tende un livre que personne n’avait jusqu’ici réussi à vous faire lire (ça a été le cas de Le Loup de Rochette par exemple), elle vous dit « ça devrait vraiment te plaire » et vous essayez, non pas parce que la couverture vous tente, plutôt parce que vous êtes curieux.se de savoir ce que votre mère pense de ce qui « devrait vous plaire ».

On y reviendra.

Janvier a été pour moi, une multitude de lectures canines. Oui, j’ai fait une fixette bien obsessionnelle sur les clebs et cela a commencé en accueils de classe, lorsque j’ai lu 3 nouveaux albums aux enfants :

J’adore ma vie de chien de Kashelle Gourley et Stylar Hogan
Iggy d'Alex Cousseau et Janik Coat
Tout le monde a un teckel sauf moi de Charlotte Pollet

Que des histoires différentes dans leur style graphique et leur écriture mais qui rendent toutes hommage aux toutous avec beaucoup de classe.

Pour continuer dans cette lignée, j’ai lu Le Loup. Le fameux. Conseillé par ma maman. Alors que ça faisait des années que les grenoblois.es m’en parlaient, il a fallu que je me rende chez mes parents dans le Beaujolais pour découvrir Rochette.

Alors. C'était pas pire. Disons que je n'ai pas A-DO-RÉ mais que je n'ai pas non plus passer un moment désagréable. Quand le chien est mort, j'ai pleuré. Grâce à ça, j'ai appris de moi que je n'étais pas complètement insensible. Pourquoi cette lecture "devait me plaire" (selon ma maman) ? Ça, je ne sais pas. Je devrait peut-être l'appeler pour lui demander...

J’ai lu également la merveilleuse BD pour adulte Le Nécromanchien. Matthieu Arégui (l’auteur), je l’avais découvert avec Papou un livre ultra spécial – avec des singes (et un chien qui a des sortes de superpouvoirs). Il a repris l’idée mais a remplacé les singes par des humains. Magnifique, frais et graphiquement intense. Le scénario est simple et poétique ce qui lui donne des airs de fable philosophique.

Après ces lectures qui ont du chien (ouh, le jeu de mot nul), j’ai bifurqué vers quelque chose de plus tordu. Les Aiguilles d’or c’est le roman avec lequel j’ai été très contente de commencer l’année. Et d’ailleurs, c’est tout à fait raccord avec mon texte car le récit prend place en janvier, le premier de l’an 1882.

À New York, une famille bourgeoise décide (bonnes résolutions chrétiennes) de nettoyer la ville du péché et du vice. Elle se concentre notamment sur le Triangle noir, le quartier le plus décrépit de la cité. Mais c’est justement là où vivent les Shanks, une famille qui régit et protège le quartier à la manière d’Al Pacino. Dans ce New York du XIXème, on apprécie voir se jouer tout un univers digne du parrain italien, même s’il s’agit ici d’une marraine allemande (pas du genre à se laisser faire).

Si vous avez aimé la série à grand succès Blackwater, vous serez enchanté par cette histoire du même Michael McDowell ; encore un roman de prise de pouvoir matriarcal. Assez jouissif.

Deux autres petits livres cinglants qui m’ont bien plu en ce début d’année : La palourde de Sigolène Vinon et La femme brouillon d’Amandine Dhée.

Le premier est arrivé dans les rayons pour adultes très récemment. Une femme fait une insomnie et dans son demi-sommeil, elle se met à nous parler. Elle nous raconte sa vie près de l’étang, complètement pollué par la centrale hydroélectrique qui y vide son eau douce. Se sentant coupable pour le lac qui se meurt, la narratrice, sur une toile de fond écolo, aborde un sujet charnel et existentiel. Très connectée aux palourdes qui souffrent, elle raconte le chaos de son corps et de son destin, chaque jour plus proche de l’effondrement.

D’une écriture magnifique et étonnante (un peu perchée mais ne faut-il pas être un peu lunaire pour écrire avec poésie ?), Sigolène Vinson nous fait vivre la mort de l’étang comme sa propre mort. Et son livre nous rappelle avec plein d’humour, que notre passage sur terre est bien court.

Le deuxième livre sera bientôt dans les rayons : un récit sur la maternité qui nous a beaucoup plu à la bibliothèque de Varces. Alors, n’allez pas croire que nous soyons pour la sacralisation de la fécondité (et autres âneries anti-féministes), c’est d’ailleurs le propos de l’autrice, elle parle du corps enceint dans tout ce qui a de plus rude. Bien violentée par l’expérience de sa grossesse, Amandine Dhée raconte ce corps qui ne semble plus lui appartenir. Le bébé prend de la place certes, mais il semblerait que la société (intrinsèquement sexiste) en prenne encore plus.

Alors, comment être enceinte et rester féministe ? Comment ne pas dé-désirer son enfant ? Un essai brut qui peut se montrer vraiment drôle mais qui surtout déculpabilisera les mères, les pères mais aussi les autres : ceux et celles qui ne sont pas parents, ou qui ne le seront jamais.

Je vais finir avec une bande dessinée pour les jeunes, un vrai coup de cœur, je vous l’assure. Vous n’êtes peut-être pas au courant, mais je vais vous le dire maintenant, comme ça vous saurez (attendez encore une seconde, ça va arriver) : il y a une femme qui s’appelle Émilie Gleason, elle fait de la bédé et elle est vraiment très très très talentueuse.

Découvrez son style avec Robbie, une bande dessinée à partir de 10 ans qui vient d’arriver dans nos rayons !